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— Ne m’avez-vous pas entendu dire qu’il fallait en arriver là ?

— Très bien. Demain l’affaire sera portée devant les magistrats, et comme je ne doute pas que la poursuite ne soit autorisée, je mènerai rondement les choses. Je vous dirai qui nous choisirons pour notre conseil aux assises, et je vous ferai savoir quel est le leur, aussitôt que je le saurai. Laissez-moi seulement vous supplier de ne pas vous contenter de dire des vérités, mais de dire toute la vérité. Si vous essayez de cacher quelque chose, on aura bientôt fait de le tirer de vous. »

Et, sur ces paroles encourageantes, il quitta son client.



CHAPITRE XV

le cousin henry fait une nouvelle tentative


Quand M. Apjohn fut parti, le cousin Henry resta pendant une heure, non à réfléchir, — on n’a plus la force de penser quand on est accablé à ce point, — mais paralysé sous le poids de son malheur, se répétant à lui-même que jamais personne n’avait été si cruellement traité. S’il avait été un autre homme, il aurait jeté M. Apjohn hors de la maison, à la première parole qui trahissait chez lui un soupçon injurieux ; mais la force lui avait manqué pour cela. Il s’avoua à lui-même sa faiblesse, sans pouvoir se résoudre à s’avouer aussi qu’il était coupable : pourquoi ne trouvaient-ils pas le testament ? leurs attaques et ses tourments auraient ainsi leur terme.