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pas aussi blanc que la neige, il n’avait rien fait qui pût lui faire valoir un si cruel traitement.

« Eh bien ? » dit M. Apjohn, comme pour demander une réponse définitive.

— J’y penserai, » balbutia le cousin Henry.

« Il ne s’agit plus d’y penser. Le temps de la réflexion est passé. Si vous voulez me donner vos instructions pour commencer les poursuites contre la Gazette de Carmarthen, j’agirai comme votre avoué. Sinon, je dirai dans toute la ville quelle proposition je vous ai faite, et comment vous l’avez acceptée. Il faut que tout cela finisse. »

Le malheureux sanglotait, haletait, luttait avec lui-même, tandis que l’avoué, assis, le considérait. La seule chose qu’il s’était appliqué à éviter, c’était la comparution en justice. Et voici que, de sa propre initiative, il allait se présenter devant la cour.

« Quand cela devra-t-il se faire ? demanda-t-il.

— J’irai demain devant les magistrats. Votre présence n’est pas encore nécessaire. La partie adverse ne demandera pas de délai ; elle est toute prête à soutenir l’épreuve. Les assises commencent à Carmarthen le 29 du mois prochain. Vous serez probablement interrogé ce jour-là, un vendredi, ou le lendemain. Vous serez appelé a prouver la diffamation. Mais les questions qui vous seront posées par votre avoué ne compteront pour rien.

— Pour rien ! s’écria le cousin Henry.

— Vous serez là pour autre chose, continua l’homme de loi. Quand cet interrogatoire insignifiant aura été fait, vous serez mis à la disposition de la partie adverse, afin que l’on arrive enfin à éclaircir la question qui est le fond de toute cette affaire.

— Quelle question ?

— Je ne sais comment s’y prendra l’avocat de vos adversaires, mais il vous faudra dire si vous