Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon oncle n’a pas fait un testament qui leur plaise.

— Ils pensent qu’il a fait un testament qui leur aurait plu davantage, mais qu’on l’a fait criminellement disparaître.

— M’accusent-ils ?

— Réellement, oui. Ces articles du journal ne sont qu’un écho de la voix publique. Et cette voix devient chaque jour plus forte et plus bruyante, parce que vous ne tentez rien pour la faire taire. Avez-vous lu le numéro d’hier ?

— Oui, je l’ai vu, » dit le cousin Henry avec une respiration entrecoupée.

Alors M. Apjohn tira de sa poche un exemplaire du journal et se mit à lire une liste de questions que l’éditeur était supposé adresser au public. Chaque question était une insulte, et le cousin Henry, s’il l’eût osé, aurait arrêté le lecteur, l’eût traité d’insolent et l’eût mis à la porte de la salle.

« M. Henry Jones a-t-il exprimé une opinion personnelle relativement à la disparition du testament que MM. Cantor ont signé comme témoins ?

« M. Henry Jones a-t-il consulté quelque ami, versé ou non dans la connaissance de la loi, au sujet de son droit à posséder Llanfeare ?

« M. Henry Jones a-t-il, dans tout le comté, un ami à qui il puisse parler ?

« M. Henry Jones a-t-il cherché à connaître la cause de l’isolement où on le laisse ?

« M. Henry Jones a-t-il quelque idée du motif pour lequel nous l’attaquons dans tous les numéros de notre journal ?

« M. Henry Jones a-t-il considéré quelle pouvait être l’issue de tout ceci ?

« M. Henry Jones a-t-il pensé à nous poursuivre pour diffamation ?