Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alors, monsieur Jones, pourquoi ne pas aller dire tout cela devant la justice, — en prêtant serment ?

— Qu’ai-je à faire pour cela ?

— Allez trouver M. Apjohn, et parlez-lui avec l’énergie d’un homme. Demandez-lui d’intenter, en votre nom, au journal une poursuite en diffamation. Il y aura une enquête. Vous serez appelé comme témoin, et vous pourrez raconter toute votre affaire, — sous la foi du serment. »

Le cousin Henry, pâle, épouvanté, gémissant, murmura quelque chose qui signifiait qu’il y penserait. M. Griffiths le quitta. En entrant dans la chambre, le fermier était convaincu de l’innocence de son propriétaire ; quand il sortit, cette conviction n’existait plus en lui.



CHAPITRE XIV

une poursuite en diffamation


Quand le fermier lui avait fait cette question : « Y a-t-il un secret que vous pourriez révéler ? » le cousin Henry eut pendant quelques secondes la pensée de lui raconter toute l’histoire et de lui faire connaître ce qui c’était passé. Mais il se rappela le mensonge qu’il avait fait, le mensonge qu’il avait signé de son nom, quand il était allé à Carmarthen pour entendre déclarer le testament valable. N’avait-il pas, en agissant alors si inconsidérément, commis un crime pour lequel il pourrait être poursuivi et emprisonné ? N’avait-il pas été parjure ? Dès le premier moment, il avait résolu de n’employer aucun moyen criminel