Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nuer. « Il m’a bien fallu lire toutes ces choses qui sont écrites dans la Gazette de Carmarthen. » Le cousin Henry devint pâle comme un mort. « Nous avons tous dû les lire. Je reçois ce journal depuis vingt ans ; mais aujourd’hui on l’envoie à tous vos fermiers, qu’ils le payent ou non. Mrs. Griffith l’a dans la cuisine. Je suppose qu’on vous l’envoie à vous aussi.

— Oui, il arrive ici, » dit le cousin Henry, s’efforçant faiblement de sourire.

— Et vous avez lu ce qu’ils disent ?

— Oui, presque tout.

— Ils ont été bien durs pour vous, monsieur. » Le cousin Henry affecta de rire, mais son rire était affreux. « Bien durs, continua le fermier. J’ai senti comme un frisson en lisant tout cela. Savez-vous ce qu’ils veulent dire, monsieur Jones ?

— Je crois le savoir.

— Ils veulent dire que vous avez volé la propriété à votre cousine, miss Brodrick ! » Le fermier prononça solennellement ces paroles, en les détachant et en les accentuant. « Je ne dis pas que ce soit vrai, monsieur Jones.

— Non, non, non, » balbutia le malheureux d’une voix étranglée.

« Non, vraiment. Si je le croyais, je ne serais pas ici pour vous le dire. Si je suis venu, c’est que je pense que l’on vous calomnie !

— On me calomnie ! on me calomnie !

— Je le pense ; j’en suis certain. Je ne sais pas quel est ce mystère, si mystère il y a ; mais je ne crois pas que vous ayez dépouillé cette pauvre dame, votre cousine, en détruisant un acte aussi important que le testament de votre oncle.

— Non, non, non.

— Y a-t-il au fond de tout cela quelque secret que vous puissiez dire ? »