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dans toute la Galles du Sud, traita la question avec tant d’insistance et dans des termes si énergiques que l’on se demanda si le nouveau maître de Llanfeare ne serait pas amené à se défendre par le moyen d’une poursuite en diffamation. Le rédacteur n’affirmait pas que le cousin Henry eût détruit le testament, mais il donnait des détails circonstanciés sur tout ce qui s’était passé à Llanfeare, et, dans chaque numéro du journal, faisait valoir les raisons desquelles on pouvait conclure à l’accomplissement d’un acte frauduleux. La théorie d’après laquelle le vieil Indefer aurait détruit son dernier testament sans en rien dire à personne était absolument écartée. Le docteur l’avait vu chaque jour et aurait eu certainement connaissance de cette intention, si le vieillard l’avait eue. La femme de charge, Henry Jones, l’auraient connue. Le neveu n’avait parlé à personne de ce qui s’était passé entre son oncle et lui. Ceux qui avaient connu le vieil Indefer Jones pendant tant d’années, et qui savaient combien était vif et délicat en lui le sentiment de l’honneur, pouvaient-ils croire que le vieillard, après avoir changé les dispositions prises d’abord en faveur de son neveu, y était revenu sans lui en rien dire ? Et pourtant Henry Jones ne rapportait aucune parole en ce sens. Henry Jones avait gardé le silence sur tout ce qui s’était passé pendant les dernières semaines ; Henry Jones avait gardé le silence quand le testament avait été lu, quand les recherches avaient été faites ; il continuait d’observer toujours le même silence. « Nous ne disons pas, » écrivait le rédacteur, « que Henry Jones, depuis qu’il est entré en possession de Llanfeare, a semblé craindre de se mêler à la société des personnes de sa condition. Nous n’avons pas le droit de parler ainsi. Mais notre devoir est de constater ce fait. Des circonstances se présentent, de