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— Retirez-vous ! je ne vous donnerai pas même ma main à presser tant que vous ne m’aurez pas promis d’être d’accord avec moi. Je ne veux pas être votre femme.

— Vous serez ma femme.

— Jamais ! jamais ! J’ai banni cette pensée de mon esprit, et je sais que j’ai eu raison de le faire. Les circonstances m’ont été bien contraires.

— Non pas à moi ! Et elles ne me le seront point, si j’obtiens de vous ce que je désire.

— J’ai dû paraître devant vous comme l’héritière de mon oncle.

— Cela a-t-il en quelque influence sur mes sentiments ?

— Et j’ai été forcée de refuser votre proposition, pour obéir à la volonté de celui qui m’avait adoptée.

— J’ai très bien compris tout cela.

— Ensuite, il a fait un nouveau testament par lequel il me laissait une somme d’argent.

— Je le sais, et je connais, je pense, l’affaire dans tous ses détails.

— Mais je n’ai pas l’argent. » Elle secoua alors la tête, comme si elle souriait de sa sottise à revenir sur des faits si bien connus de son amant et d’elle. « L’argent m’est offert par mon cousin, mais je ne veux pas le prendre.

— À cela je n’ai rien à dire. C’est le seul point sur lequel, une fois que nous serons mariés, je refuse de vous donner aucun avis.

— Monsieur Owen, » et elle vint plus près de lui, pas assez près pourtant pour qu’elle ne pût lui échapper, si cela était nécessaire, « monsieur Owen, je vais vous dire une chose que je n’ai dite à personne.

— Pourquoi à moi ?

— Parce que j’ai en vous une confiance que je n’ai en aucun autre.