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— Qu’a-t-il donc fait ?

— Je ne sais pas.

— Comme M. Apjohn l’établit fort nettement, il n’est pas question de reconnaissance de votre part : vous n’acceptez rien : vous recevez ce que votre cousin doit vous payer. Il serait vil au delà de toute expression, s’il ne le faisait pas.

— Il est vil au delà de toute expression.

— Pas dans cette circonstance, au moins. Il agit de très bonne grâce. Vous n’aurez qu’à signer un reçu deux fois par an, jusqu’à ce que la somme entière ait été versée.

— Je ne signerai rien qui soit relatif à cet argent ; je ne prendrai rien.

— Mais pourquoi cela ? qu’a-t-il fait ?

— Je n’en sais rien. Je ne dis pas qu’il ait fait quelque chose. J’aime mieux ne pas parler de lui. Ne croyez pas, je vous prie, papa, que je convoite la propriété et que je sois malheureuse de ne l’avoir pas. S’il avait plu à mon oncle et aux fermiers, s’il s’était montré un homme, je me serais réjouie de le voir à Llanfeare. Je crois que mon oncle avait raison de vouloir un héritier mâle. J’en aurais fait autant, à sa place.

— Il a eu tort, et sa conduite a été coupable, après ses promesses.

— Il ne m’avait fait aucune promesse, une insinuation seulement ; il avait conservé toute sa liberté d’action. Il est d’ailleurs inutile de parler du passé. Mon cousin Henry est propriétaire de Llanfeare, et de lui, propriétaire de Llanfeare, je n’accepterai rien. Mourrais-je de faim dans la rue, je ne prendrais pas une croûte de pain de sa main. »

Bien des fois cette conversation fut reprise, et toujours avec le même résultat. Il s’était établi une correspondance entre les deux hommes de loi, et