ce pays où il l’avait connue. Enfin la raison prit le dessus, et le jour du départ fut fixé.
Après avoir dit adieu à son ami et donné un dernier regard aux objets auxquels Florence avait laissé comme une empreinte de son souvenir, il partit ; mais son cœur était gros de pressentiments douloureux. Quand il se retrouva seul et privé de son conseil intime, M. Thorpe se décida à faire un testament en règle. Il envoya donc un matin James porter une lettre à Cropt-Hill-Cottage. Cette lettre était adressée à Joseph Westley-Esy.
Dès le lendemain, ce personnage vint au château, et M. Thorpe s’enferma avec lui dans son cabinet. L’entretien dura longtemps ; les domestiques n’ignoraient pas que M. Westley était notaire, et que leur maître prenait avec lui ses dernières dispositions : aussi cette circonstance était-elle l’objet de leur attention. Mistress Barnes ne manqua pas d’en causer dans sa chambre avec sa nièce Nancy.
« Qui croyez-vous qui hérite, ma nièce ? demandait la vieille dame à la jeune fille, avec l’importance d’une femme qui se croit bien informée. Voyons, devinez.
— J’espère que ce ne seront toujours pas ces trois grandes filles si maigres, si laides et si coquettes. Oh ! d’abord je ne pouvais pas les voir… je les déteste !
— Je suis de votre avis, Nancy, je suis sûre que celles-là n’ont pas de grandes chances ; continuez.
— Monsieur a trop bon goût pour choisir cette petite noiraude si laide, si familière, et qui n’a pas plus l’air d’une femme du monde que la première servante venue.
— Ah ! Nancy, quoique je ne pense pas non plus que monsieur la choisisse, je sais positivement qu’elle ne lui était pas trop désagréable.
— Enfin, ma tante, je parierais que monsieur léguera son bien à cette jolie demoiselle si polie, quoiqu’elle ne