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et sir Charles, entre lesquels s’était formée une douce intimité à laquelle le moment était venu de renoncer.

« Quel bonheur ! voilà une fière affaire de terminée, s’écria gaiement M. Thorpe en rentrant dans sa maison redevenue calme. Ai-je bien fait les honneurs de ma maison, Charles ?

— À merveille, monsieur ! Ils ont dû vous ennuyer tous ?

— Pas tous, mon ami. Ah ! il faut que je vous remercie de l’intérêt que vous avez témoigné à ce pauvre être maladif ; il est malheureux qu’il ne puisse pas vivre, car il est bien beau et paraît très-intelligent.

— Pas vivre, monsieur ? Mais il n’a jamais été si bien portant ; et, si c’est seulement cette crainte qui vous a empêché de l’étudier davantage, j’en suis désolé, car sa santé s’améliore, au contraire.

— N’en parlons plus, mon ami. Je vous assure qu’il est fort mal, et que les médecins ont affirmé qu’il ne vivrait pas. Maintenant, mon ami, je suis un peu fatigué ; je vais me reposer et reprendre mes habitudes trop longtemps négligées. Venez donc dîner avec moi, car nous avons à causer ensemble. »

Le jeune homme promit de venir le lendemain et partit, le cœur bien triste et rempli du souvenir de Florence.

M. Thorpe ordonna à mistress Barnes de lui remettre la note des dépenses occasionnées par le séjour de ses parents, puis, après l’avoir payée, il défendit qu’on en reparlât jamais. La maison reprit son train habituel, et, quand sir Charles se rendit le lendemain à l’invitation de M. Thorpe, il le trouva dans son salon, assis dans son fauteuil, avec son pupitre à côté de lui et son chat à ses pieds, sur un coussin, comme à l’ordinaire.

Après le dîner, les deux amis gardèrent quelque temps le silence ; enfin M. Thorpe le rompit le premier.