rusée et fausse Sophie, qu’il l’aurait volontiers jetée par la fenêtre avec calme et bonheur.
Le jour de Noël passa comme tous les autres, plus gaiement à la cuisine qu’au salon, mais en mangeant beaucoup des deux parts. Après dîner, pour distraire un peu son monde, M. Thorpe proposa les petits jeux innocents ; mais M. Heathcote objecta que c’était un amusement peu convenable pour de jeunes filles. Il offrit alors colin-maillard ; mais les héritières galloises refusèrent, en jetant un regard significatif sur leurs fraîches toilettes.
« Alors, mes enfants, chantez, et, si vous ne voulez pas chanter, dansez.
— Valsons, s’écria Bentinck.
— Voulez-vous valser avec moi, cousine Florence ? » demanda vivement Montagu, pensant que son père inviterait Winifred.
Mais, hélas ! Florence et son frère ne savaient pas même le nom de cette danse, et personne n’était en état de tenir le piano.
« Et vous, Sophie et Florence, je ne pense pas que vous ayez jamais fait beaucoup de musique, reprit M. Thorpe.
— J’avais à peine vu un piano avant ce jour, répondit gaiement Florence.
— Si j’avais eu des leçons, murmura tout bas Sophie, j’aurais très-bien pu réussir… à ce que l’on m’a dit »
La vérité était que Sophie avait tellement peu l’oreille musicale, qu’elle n’aurait pas su distinguer Dead march de Let’s to wedding. Au sourire railleur d’Algernon, sir Charles comprit tout, et, se penchant vers Florence, il la pria, au nom de leur amitié, de chanter une ballade si son oncle le lui demandait.
M. Thorpe et toute la société avaient été dupes de l’air