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— Pourquoi n’aurions-nous pas le plaisir de l’entendre aussi, madame ?

— Comment aurait-elle le courage de chanter devant tout ce monde ? Ce soir, vous lui donneriez un royaume pour qu’elle chantât, qu’elle n’y consentirait pas, dit mistress Heathcote avec tant d’animation que tous les regards se tournèrent vers elle.

M. Algernon est un superbe garçon, mistress Heathcote ; il est bien malheureux qu’il soit si délicat, reprit sir Charles, changeant brusquement d’entretien.

— Oui, c’est bien dommage, parce que cela interrompt son éducation ; mais je suis sûre qu’il tournera bien ; il est vingt fois plus fort que l’année dernière.

— Et c’est à vous qu’il le doit, mistress. Vous semblez vous intéresser beaucoup à lui.

— Il paye bien les soins qu’on lui prodigue ; il est affectueux et intelligent au possible ; je ne sais comment il faudrait être fait pour ne pas l’aimer. On ne saurait s’en empêcher.

— Et sa sœur est-elle aussi heureusement douée ? demanda sir Charles en baissant la voix.

— Oui, et que Dieu la bénisse ! Ils sont tous deux bien remarquables par leur charmant caractère.

— Cette jeune fille qui joue le whist est, je crois, aussi de votre famille, mistress ? reprit sir Temple.

— Sophie Martin vit aussi avec nous, répondit mistress Heathcote.

— Et sans doute elle sait reconnaître vos soins et votre affection de la même charmante manière que ses deux cousins ?

— Sophie Martin n’a encore passé qu’un an avec nous. »

Sir Charles ne crut pas convenable de continuer ses questions, et, malgré son désir de connaître à fond la