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M. Thorpe me touche-t-elle au cœur. (En disant ces mots, miss Martin prit son mouchoir et s’en couvrit les yeux.)

— Je pense que vous le trouverez très-bon pour vous, répondit Nancy avec un peu plus de familiarité et beaucoup moins de respect. Mais que vouliez-vous dire à ma tante ? je peux lui faire votre commission.

— C’est mon oncle qui aimerait bien que je lui fisse son thé moi-même, et je voulais prier mistress Barnes de m’envoyer au salon le thé, l’eau chaude et la théière, pour que je puisse le préparer. Je suis sûre que vous ferez bien ma commission et que vous viendrez toujours auprès de moi : car je vous aime déjà beaucoup, et voilà une jolie paire de mitaines bien chaudes et de jolie couleur, que je vous donne pour votre peine. Maintenant, adieu, Nancy ; n’oubliez pas ce que je vous ai demandé. »

En entrant au salon, miss Martin vit que ces messieurs étaient rentrés et causaient avec M. Thorpe. Elle alla se placer devant la cheminée près d’une petite table, et tira sans affectation une chaise à côté de la sienne. Quand la porte s’ouvrit, un domestique parut tenant un grand plateau, avec les tasses et le thé tout fait. Sophie se mordit les lèvres en murmurant : « Allons, je n’ai pas réussi ; cette horrible Barnes que je hais est la maîtresse ici. »

Mais la porte se rouvrit et le domestique reparut, tenant un plateau sur lequel était tous les objets qu’elle avait demandés ; elle fit signe au valet, qui déposa son fardeau sur le petit guéridon et sortit.

Au bout de quelques instants, Sophie se leva et, prenant la main de son oncle, elle l’attira vers la cheminée en disant avec douceur :

« Êtes-vous prêt à prendre votre thé, cher Oncle ?

— Certainement, mon enfant ; mais en vérité cette