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Le coup fut terrible ; mais M. Brandenberry sut se contenir, et, malgré sa fureur, il n’oublia pas que M. Thorpe était là et qu’il ne devait point se laisser deviner par lui. Quand il fut convaincu que M. Thorpe était bien M. Thorpe, et que son adorable héritière n’avait plus d’héritage :

« Est-il bien possible, murmura-t-il, que M. Cornélius soit enfin rentré dans nos pays ?

— Et aussi dans sa fortune, monsieur Brandenberry. Ce n’est pas le moment de parler de ce que je puis faire pour mes parents sans me gêner moi-même, répondit M. Thorpe, et je vous reverrai. Adieu donc, je vous souhaite toutes les joies imaginables et un bonheur parfait en ménage. »

En disant ces mots il s’éloigna, convaincu que les quelques mots qu’il avait prononcés étaient la meilleure punition qu’il pût infliger à son abominable petite-cousine, et jugeant, par ce qu’il connaissait du caractère des nouveaux mariés, qu’ils seraient aussi peu heureux qu’ils méritaient de l’être.

Tourmenté par le souvenir de son injustice envers son cher Algernon, M. Thorpe confia son cheval à un valet et monta rapidement à la bibliothèque, où il savait trouver le jeune homme. Mais à son entrée dans la chambre, trois personnes, un homme entre deux âges : et deux jeunes garçons, se levèrent pour venir à sa rencontre.

M. Thorpe regarda Algernon pour savoir quels étaient ces messieurs qui lui étaient totalement inconnus, et Algernon lui répondit aussitôt :

« Voici mon oncle Spencer, monsieur Thorpe, et ces jeunes gens sont ses fils.

— Permettez-nous, mon cher Cornélius, reprit M. Spencer en s’avançant gracieusement la main étendue vers le propriétaire de Combe, de nous ranger