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avec vous, mais je connais le caractère ombrageux de la pauvre Sophie, et je pense qu’elle préférera vous voir seule d’abord. Quoique nous ne devions pas lui donner un espoir qui pourrait être déçu par la suite, je suis très-convaincue que M. Thorpe ne la laissera pas partir d’ici sans lui assurer une position digne de lui.

— Je suis tout à fait de votre avis, mistress Heathcote, répondit sir Charles, et, si notre Florence trouve sa cousine trop affectée de la position dans laquelle elle est retombée, je ne vois aucun danger à lui dire, pour la consoler un peu, notre conviction à tous deux.

— Tu entends, Florence ; dis-lui aussi que ma maison lui est toujours ouverte, et que nous désirons tous, depuis le major jusqu’au petit Frédéric, chercher à lui faire oublier ses chagrins par nos soins affectueux.

— Vous avez deviné très-juste, répondit Algernon, car en quittant le salon, M. Thorpe m’a dit que, si l’un de nous voyait Sophie ce soir, il l’autorisait à annoncer à la jeune fille, qu’il comptait lui assurer une petite fortune pour la mettre à l’abri du besoin. »

En arrivant au boudoir de sa cousine, Florence frappa trois fois à la porte sans recevoir de réponse ; elle se décida alors à entrer dans la chambre, et le désordre qui frappa ses yeux lui apprit la fuite de Sophie. Elle aperçut à terre les effets ordinaires de l’ex-héritière, vit toutes les portes et les tiroirs ouverts, et ne put plus douter de l’événement qui était arrivé.

Elle accourut au salon annoncer sa découverte à sa famille ; on appela mistress Barnes et miss Roberts, qui firent une fouille générale dans toute la maison.

« Où peut-elle être, s’écria mistress Heathcote sincèrement agitée ; il faut la faire chercher, mistress Barnes.

— Mais avez-vous connaissance des motifs qui l’ont poussée à sortir à cette heure ? reprit mistress Barnes.