CHAPITRE XXXV.
Maintenant que nous connaissons le sort de notre héroïne, nous pouvons retourner à Thorpe-Combe et raconter ce qui se passa au salon après le départ de Sophie Martin.
« Pauvre créature ! murmura mistress Heathcote ; pauvre créature ! je ne puis m’empêcher de souffrir pour elle, quoi qu’elle fît bien peu d’honneur à la fortune et à la position que vous venez lui réclamer.
— Ma bonne mistress Heathcote, reprit M. Thorpe en restant debout au milieu du cercle attentif, cette scène qui vous émeut si sincèrement n’aurait jamais eu lieu si Sophie Martin avait su se conduire généreusement, ou même convenablement. La fortune considérable que je me suis faite en Orient m’aurait permis de laisser subsister la dernière volonté de mon père, si celle qu’il avait choisie pour son héritière à sa dernière heure m’avait paru digne de ce qu’il avait fait pour elle. Milord Broughton peut certifier que je n’étais venu à Hereford que pour me lier avec ma famille et non pour la dépouiller des biens que mon pauvre père lui avait légués. Il était même convenu que lord Thelwell, si la jeune fille lui plaisait, solliciterait l’honneur de l’épouser. Malheureusement, avant la fin du bal où je vous vis pour la première fois, j’appris de mon jeune ami que cette alliance n’aurait jamais lieu. Quoique un peu désappointé de cet échec, je n’en persistai pas moins dans l’intention de m’introduire chez l’héritière