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serra contre elle avec passion, et les fit entrer de force dans sa poche.

En cherchant encore dans ses armoires, elle retrouva la petite miniature représentant son jeune cousin Cornélius, que M. Thorpe n’avait plus pensé à lui réclamer. Mais la vue de ce portrait parut lui faire horreur, et après quelque hésitation, malgré ses regrets d’abandonner les diamants qui l’entouraient, elle rejeta le médaillon dans le tiroir, qu’elle referma brusquement.

Elle entassa ensuite ses dentelles et ses bijoux dans un petit sac à ouvrage qu’elle prit à la main, mit à la hâte son plus beau châle et son plus élégant chapeau, et quitta la maison qui ne lui appartenait plus.

La nuit devenait très-sombre, et grâce à l’obscurité, l’ex miss Sophie Martin Thorpe put échapper aux regards de ses invités, qui prenaient le frais devant le salon, et gagner la route qui conduisait à Broad-Grange.

Tout en se dirigeant vers la demeure de son adorateur, la fugitive combinait un projet formé précipitamment, au moment où elle avait vu sa fortune et sa position lui échapper.




CHAPITRE XXXIV.


En arrivant chez les Brandenberry, miss Martin Thorpe souleva avec peine le lourd marteau de fer qui répondait à la cuisine ; car à cette heure avancée la porte de la cour était fermée. En entendant ce bruit violent et inattendu, les deux serviteurs qui étaient près du feu de la cuisine s’écrièrent avec effroi :