Page:Trollope - La Pupille.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à moi, à mes sœurs, à Florence Heathcote et à Sophie Martin Thorpe, il a donné à cette grosse mistress Heathcote, qui n’appartient nullement à la famille du vieux Thorpe, une magnifique paire de boucles d’oreilles en diamants, d’une grosseur extraordinaire.

« Décidément je crois avoir très-sagement agi en déterminant papa à venir. Mes broches et mes bracelets sont d’une rare beauté, et je suis persuadée que le petit homme nous laissera des preuves plus sérieuses encore de son attachement pour les Thorpe. Il a donné à Algernon une montre à répétition en or, d’un goût aussi pur qu’élégant et je n’ai pu m’empêcher de regretter que ce ne fût pas un de mes charmants cousins d’Eton qui la reçût, ainsi que la magnifique chaîne en or, la clef et le cachet qui l’accompagnaient. Quoique mon cousin Algernon soit revenu très-bien portant de son voyage et qu’il soit réellement très-remarquable, car ses traits se sont formés pendant son absence, il est à mes yeux à cent lieues d’égaler vos charmants fils, qui sont comme leur père le type de la distinction et des manières élégantes. Quant à ma cousine Florence, j’ai le regret de vous annoncer qu’elle est changée à son désavantage ; car depuis que vous ne l’avez vue elle est devenue ce qu’elle promettait déjà, la plus vilaine coquette que j’aie jamais rencontrée. Je suis aussi fort étonnée que sir Charles Temple, qui est d’une société recherchée, s’oublie au point de s’afficher avec cette fille, dont il encourage ainsi l’abominable penchant. Quant au major, il mérite bien ce qui arrivera à sa fille, puisqu’il la laisse rire et chuchoter avec sir Charles, de manière à choquer les personnes les moins réservées. Tout cela est bien pénible à dire quand cela touche un membre de la famille ; mais je sais que vous autres hommes du grand monde, n’êtes guère sévères sur la conduite des femmes. »