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CHAPITRE XXXIII.


Au dîner, sir Charles Temple avait repris du calme, et, tout en s’efforçant de faire l’aimable avec les miss Wilkins, il cherchait à maintenir la paix entre Sophie et les Heathcote, et s’ingéniait à aider sa pupille dans son rôle de maîtresse de maison. De son côté M. Jenkins, comme on l’appelait encore, était d’une humeur charmante et entourait Sophie de soins et d’attentions. Grâce à ces deux messieurs, le dîner et la soirée furent moins tristes que la veille. Les miss Wilkins firent de la musique ; Florence se dispensa de chanter, préférant causer à voix basse avec sir Charles ; Algernon communiqua toutes ses remarques à sa mère, qui ne put bien tôt plus dissimuler sa gaieté ; le major s’installa dans un coin du salon pour lire les journaux, et M. Wilkins s’endormit dans le meilleur fauteuil qu’il put trouver.

Sir Charles, qui avait craint que M. Thorpe ne se déclarât après le dîner, se rassura bientôt en voyant le tour que prenait la conversation. Loin de se presser de reprendre ses biens et son nom, le véritable héritier attendit encore une semaine, pendant laquelle il chercha à se lier davantage avec ses cousines. Il passa de longues heures dans la bibliothèque avec Algernon et, en parlant avec lui de différentes choses, il put connaître l’intelligence, l’esprit et le caractère de son jeune ami. Quant aux miss Wilkins, M. Jenkins se montra fort empressé auprès d’elles, au grand déplaisir de Sophie, et discerna vite quelle sorte de femmes elles étaient. Pour Flo-