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soulagé d’un grand poids, et merci aussi pour l’affection et les soins dont vous avez entouré mon père depuis mon départ. Le vieil Arthur Giles m’a tout dit, et je vous en suis doublement reconnaissant. Si vous m’aviez mal reçu, cela m’aurait frappé bien cruellement ; merci, merci encore !

— Celui qui a tant aimé votre père, monsieur Thorpe, ne pouvait pas agir si contrairement aux propres sentiments de mon vieil et excellent ami ! Désirez-vous, monsieur, que j’annonce cet événement inattendu à ma pupille ? Ce sera délicat, mais je le ferai sans retard.

— J’ai besoin de vos avis principalement sur un point, reprit M. Thorpe. J’ai mené une vie toute d’aventures depuis que je vous ai quitté, et, si le sort ne m’avait pas protégé, je serais revenu aussi pauvre que je l’étais lors de mon départ ; je suis maintenant connu à Madras, comme l’un des plus riches marchands du pays, sous le nom de Jenkins que je porte généralement. J’ai retrouvé lord Broughton à Eton, et, connaissant sa discrétion et son affection dévouée, j’ai cru devoir lui confier mon vrai nom et mes projets en revenant ici. Mon intention était de faire connaissance avec mes cousins et cousines et de laisser subsister les dernières volontés de mon père si l’héritière était digne de ce qu’il avait fait pour elle, et remplissait son devoir aussi bien qu’il le désirerait s’il était encore de ce monde. Je comptais aussi, dans le cas où mes autres parents auraient besoin d’aide, venir à leur secours en mémoire de mon père. Mais je crois maintenant que je réclamerai ce qui m’appartient et que j’en disposerai différemment. »

Sir Charles écouta avec la plus profonde attention, et, quand M. Thorpe s’arrêta, il lui dit après un long silence :

« Continuez de grâce, monsieur.