de votre vieil ami, car c’était un excellent homme, qui mettait toute son application à amuser et à occuper ses hôtes. Je le regrette sincèrement. Je sais d’ailleurs une chambre dans la maison qui, à mon gré, égayerait pour moi jusqu’à la prison : connaissez-vous la bibliothèque ?
— Je voudrais la voir avec vous, Algernon, répondit l’étranger.
— Nous irons demain après déjeuner, si vous le voulez.
— Je préférerais y aller aujourd’hui même.
— Je crains qu’elle ne soit pas éclairée, répartit le jeune homme ; d’après ce que Florence m’a dit, je crois que Sophie se soucie peu des livres. Notre oncle Thorpe y faisait porter une lampe tous les soirs, et chacun était libre d’y aller : c’était vraiment charmant ; mais je crains qu’avec une seule bougie il ne vous soit difficile d’en admirer l’ensemble.
— Je désire y monter ce soir : nous y retournerons demain pour la voir plus en détail, insista M. Jenkins.
— Comme vous voudrez ; j’en connais tous les coins et recoins, et serais capable de trouver, dans l’obscurité, tel livre que vous me demanderiez.
— Qui vous l’a si bien fait connaître, Algernon, pendant les quinze jours que vous avez passés ici ? est-ce le vieux M. Thorpe ?
— Non, monsieur, reprit Algernon, en prenant un ton plus sérieux : ce fut sir Charles Temple. M. Thorpe disait que cette pièce lui rappelait trop douloureusement le souvenir du fils qu’il avait perdu, et rouvrait toutes les plaies de son cœur ; mais il nous permettait volontiers d’y rester tout le temps qu’il nous plaisait d’y être : aussi, lorsque nous nous y trouvions réunis, sir Charles, Florence et moi, je ne sais ce qui nous retenait d’y passer la nuit. »