relâche, et Sophie demeurait muette et ne s’occupait de personne. Pendant ce temps, Algernon et M. Jenkins semblaient seuls s’amuser. Ils causaient à voix basse, et personne n’entendait ce qu’ils disaient.
La soirée fut aussi triste que le dîner. Les deux amants se retirèrent dans une embrasure de fenêtre, et furent ainsi complètement l’un à l’autre ; mais cette espèce de tête-à-tête ayant été remarqué par Elfreda et par Sophie, ce fut un motif pour elles de se rapprocher, et elles causèrent ensemble pendant tout le reste de la soirée. Elles se trouvèrent mutuellement beaucoup d’esprit et de bon sens.
Quant à M. Jenkins et à Algernon, ils avaient disparu. Miss Martin Thorpe, en voyant rentrer au salon le major avec M. Wilkins et sir Charles Temple, avait appelé Jem pour savoir ce qu’étaient devenus les deux autres messieurs.
« Je ne sais où est M. Algernon, répondit Jem, mais je crois que M. Jenkins est monté se coucher, car il a demandé un bougeoir en sortant de la salle à manger. »
La certitude que son cousin n’était pas avec le riche étranger tranquillisa Sophie, qui put s’abandonner sans arrière-pensée à une longue conversation avec sa cousine, miss Elfreda Wilkins.
Quand, après la retraite des dames, le major, sir Charles et M. Wilkins s’étaient groupés autour de la table pour boire et causer, avant de rentrer au salon, M. Jenkins s’était tiré à l’écart avec Algernon, et avait continué l’entretien commencé.
« Je vous déclare, Algernon, dit le pâle voyageur, que vos récits intéressants m’inspirent le désir de voir l’Italie avant de mourir ; mais comme Thorpe-Combe va vous paraître triste après ce beau voyage !
— Triste ! oh ! non, jamais cette maison ne pourra l’être pour moi. Certes, je l’aime moins depuis la mort