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pas à nous croiser les bras pour que tout soit prêt le 25. »

Au jour indiqué, un domestique étranger vint prendre possession de la chambre de M. Jenkins et préparer sa toilette ; aussi, quand l’étranger parut au salon où tout le monde était déjà réuni, Sophie fut-elle saisie du changement qui s’était opéré en lui. Il avait coupé sa moustache, peigné soigneusement ses cheveux ; il avait quitté son bonnet de laine rouge, et portait des vêtements d’une coupe élégante.

Quand elle le vit entrer, elle alla le prendre par la main et le présenta successivement aux Wilkins et à sir Charles Temple.

Le squire gallois se leva, s’inclina et se rassit ; miss Wilkins l’aînée salua le plus gravement possible ; Winifred sourit de l’air le plus agréable, et miss Eldruda fit tous ses efforts pour paraître distinguée.

M. Jenkins répondit à ces différentes politesses par un petit salut un peu sec, et par des regards profonds qui semblaient chercher à lire au fond du cœur de ses interlocuteurs.

En s’approchant de sir Charles, il parut embarrassé et se couvrit une partie du visage avec son mouchoir ; mais s’il s’attendait à exciter l’attention du beau baronnet, il s’était trompé : car, après avoir échangé avec lui quelques politesses, le jeune homme reprit sa conversation avec miss Florence Heathcote, sans plus songer à M. Wilkins.

Celui-ci s’approcha alors de mistress Heathcote ; mais, sans s’arrêter aux compliments, il s’écria, presque en l’abordant en et regardant autour de lui :

« Il y a encore ici quelqu’un que je veux voir : où est donc Algernon Heathcote ? »

Cette question s’adressait à Sophie ; mais miss Martin détourna vivement la tête, sans paraître avoir entendu,