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Spencer et aux Wilkins qu’un ami de la famille, entre deux âges, riche et garçon, désire les connaître et les attend chez vous tel jour ? Quand ces lettres seront écrites, vous me les montrerez, et, si je ne les trouve pas bien, je vous en dicterai d’autres. Voulez-vous écrire tout de suite pendant que je suis près de vous ? »

Sophie était atterrée, quoiqu’elle n’eût pas l’intention de refuser. Si elle n’avait consulté que son cœur, loin de s’entourer de toute sa famille, elle aurait éloigné tout le monde afin de briller seule devant son riche ami. D’un autre côté, elle n’était pas fâchée d’étaler son luxe et sa fortune aux yeux de ceux qui l’avaient vue dans une position si différente. Elle se rappela que l’élégant Spencer et ses deux fils, non moins accomplis que lui, n’avaient jamais daigné s’occuper d’elle, et que les trois sottes héritières galloises faisaient sonner bien haut, devant elle, leur fortune à venir de cinq cents livres sterling chacune. Ces dernières réflexions l’ayant complètement décidée, elle prit vivement sa plume dorée terminée par un rubis gravé, et s’écria en s’installant devant un élégant secrétaire :

« Maintenant, cher monsieur, que voulez-vous leur dire ? »

Sans plus de cérémonie, M. Jenkins dicta ce qui suit :

« Cher oncle Wilkins,

« Un gentleman nommé Jenkins, célibataire, possesseur d’une très-grande fortune, et qui a été autrefois très-lié avec notre oncle et notre tante Thorpe, revient d’un pays lointain pour faire connaissance avec les enfants de ses vieux amis et leur laisser des gages plus ou moins importants de l’affection qu’ils sauront lui inspirer. Il m’a priée de vous inviter à venir avec vos trois filles passer chez moi, à Thorpe-Combe, une semaine