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— Des arrangements pécuniaires, je suppose ?

— Mais oui, monsieur, répondit effrontément Sophie.

— Très-bien. Après ? Qu’est-ce qui vous a tant fait souffrir chez le major Heathcote ?

— Les indignes traitements de ses enfants, répondit Sophie sans hésitation.

— Vraiment, c’est affreux ! Ce sont peut-être les petits enfants qui ne vous ne considéraient pas comme leur cousine, et qui vous taquinaient un peu ? reprit M. Jenkins en examinant Sophie avec attention.

— Au contraire. Je n’ai pas de raisons pour me plaindre des enfants, ni des garçons ni des filles, mais de Florence, qui a toujours été mon ennemie, et d’Algernon, qui est le diable sur la terre. Mais je serais vraiment désolée de vous ennuyer de ces récits pénibles pour nous deux.

— N’importe, je désire tout savoir. Quelles sortes de cruautés avez-vous eu à endurer de la part d’Algernon, pauvre enfant ?

— C’était un système de taquinerie perpétuelle que je ne puis bien expliquer, et que je défie même ceux qui habitaient avec nous d’avoir pu découvrir. La victime seule comprenait bien les mauvais sentiments qui inspiraient son bourreau. »

Et, en achevant ces mots, Sophie tira son mouchoir de sa poche et se mit à pleurer.

« Je désirerais un peu plus de netteté dans ce témoignage, miss Sophie. Car, si je dois vous l’avouer, je ne suis venu dans ce pays que pour faire connaissance avec les enfants de ceux et de celles qui ont été mes amis, et, si je les en trouve dignes, afin d’apprendre à les aimer et de leur laisser des preuves palpables de mon affection et de mes richesses. Je vous prie donc, chère miss Sophie, de me dépeindre exactement, et avec votre fran-