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traire à toutes ces autorités qui vous pèsent ; mais confiez-vous à celui qui vous idolâtre, Sophie ! ne détournez pas de moi ces yeux qui font rêver au ciel ! Je tombe dans les ténèbres, quand vous ne me regardez pas ! Laissez-moi vous protéger, oh ! charmante créature adorée ! Ma vie se passera dans l’adoration de vos charmes. Je vous débarrasserai pour toujours de tout ce qui vous tourmente et vous chagrine. Sophie ! Adorable Sophie ! Soyez à moi ! Soyez ma femme ! ma douce fiancée, la maîtresse bénie de mon âme et de mon cœur. »

Cette éloquente tirade, accompagnée de brûlantes caresses, avait d’abord intéressé Sophie ; mais, quand elle en eut assez, elle se recula vivement, et son amoureux voisin tomba le nez à terre devant elle. Cette sotte plaisanterie fit entrer, pour un moment, des idées de destruction et de vengeance dans l’esprit de M. Brandenberry ; mais il se releva gracieusement, et, prenant un air sentimental, il s’écria :

« Me voici, Sophie ! séduisante Sophie ! j’attends votre arrêt !

— Monsieur Brandenberry, je vous suis fort reconnaissante de votre bonne opinion de moi ; mais, pour le moment, je n’ai nullement l’intention de changer de position. Je vous le répète, votre demande m’honore infiniment ; mais, quant à présent, je ne veux pas me marier. »

Richard, comprenant que ce n’était pas là précisément un refus, voulut continuer ses tendres protestations et ses caresses passionnées ; mais la petite Sophie l’éloigna de nouveau en lui disant :

« De grâce, monsieur Brandenberry, en voilà assez sur ce sujet. J’ai beaucoup d’affection et de considération pour vous et votre sœur, et je serais désolée de vous voir moins intimement et plus rarement que par le