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Pendant ce temps miss Martin Thorpe, s’étant décidée à tenter un dernier effort auprès du vieil Arthur Giles et de sa femme, se dirigeait vivement vers leur petite habitation.

« Voici notre douce maîtresse qui vient nous faire une autre visite, s’écria tout à coup mistress Giles en s’adressant à une personne qui était assise très-familièrement entre elle et son mari.

— Que le diable l’emporte ! s’écria l’étranger ; je ne veux pas qu’elle me trouve ici. Empêche-la d’entrer, Giles ; il ne faut pas qu’elle me voie chez toi.

— Silence ! fit le vieux groom. Entrez vite dans ce cabinet, et vous entendrez des choses bien plaisantes. »

L’étranger obéit, et, pendant que le vieux Giles poussait la porte sur lui, sa femme ouvrait à Sophie, qui frappait du dehors.

Le vieil Arthur plaça une chaise tout contre le cabinet où était entré son ami ; Sophie s’y installa en disant assez brusquement :

« Je suis encore revenue pour vous parler sérieusement de cette maison. Il est ridicule que vous vous entêtiez à la garder quand je la veux, et que je vous en offre une autre plus belle et plus commode, sans compter que je consens à augmenter votre pension.

— Il n’est pas pour nous d’habitation plus agréable que celle-ci, madame, et, quoique nous vous remerciions mille fois de vos offres, nous préférons rester ici, répondit mistress Giles très-sérieusement, mais avec une grande politesse.

— Vous êtes folle, brave femme, de préférer ce trou à la demeure que je vous propose ; mais c’est bien la faute du jeune homme assez sot et ridicule lui-même qui vous y a installés. Aussi, si vous consentez à m’obéir, vous pardonnerai-je facilement votre entêtement qui, après tout, est son ouvrage.