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cessé ses relations lors de la mort de sa femme, ne paraissaient nullement désirer se lier avec son héritière, et, si elles s’en étaient d’abord approchées par curiosité, elles s’en étaient vivement éloignées après s’être assurées que la petite miss Martin Thorpe était fort désagréable et tout à fait indigne de l’attention d’un gentleman ayant un nom, des biens et de la naissance.

M. Brandenberry, mistress et miss Brandenberry, étaient seuls restés auprès d’elle et jouaient avec adresse la partie difficile qu’ils se croyaient bien près de gagner.

Sans cependant avouer qu’elle avait suivi ponctuellement ses avis, miss Martin Thorpe donna à entendre à M. Brandenberry qu’elle avait écrit à sir Charles Temple et qu’elle attendait sa réponse pour se débarrasser de ses tyrans. Richard comprit fort bien qu’elle avait agi d’après ses conseils et qu’elle ne voulait pas en faire l’aveu. Aussi cette assurance lui donna-t-elle bon espoir. Quand il conta tout à sa sœur, en se promenant avec elle sur la petite terrasse de Broad-Grange, l’habile Marguerite répondit :

« Si j’avais été à votre place, je l’aurais fait aller plus vite que cela. Que va-t-il arriver ? le savez-vous ? Si c’était moi, Richard, je saurais dans vingt-quatre heures si je deviendrai ou non maître de Thorpe-Combe. »

Richard pesa ces paroles en se promenant de long en large et répondit enfin avec conviction :

« Il faudrait que je pusse lui faire comprendre que le mariage pourrait seul la soustraire aux cruautés de ces excellentes gens qu’elle hait si amèrement.

— C’est cela ! rien ne saurait mieux réussir. C’est à la fois convenable et efficace, s’écria Marguerite avec joie ; et pourquoi n’y avez-vous pas pensé tout d’abord ?