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d’arranger mes affaires de telle sorte que l’héritage de mon oncle regretté ne devienne pas pour moi un supplice au lieu d’un bonheur.

« Les ennuis sans nombre qui résultent du séjour des Heathcote chez moi deviennent intolérables, et je viens vous annoncer ma résolution bien arrêtée de quitter ma maison s’ils se refusent à en sortir. Je ne vous détaillerai pas tout ce qui, dans leur conduite, contribue à me rendre malheureuse ; il vous suffira de savoir que je ne peux pas vivre plus longtemps avec eux, et que je veux jouir un peu de la tranquillité à laquelle j’ai droit dans ma propre maison. Quoique le major et sa femme aient des caractères assez faciles et que leurs petits garçons ne me gênent pas trop, et même pas du tout, je regrette que d’autres circonstances, qu’ils ne peuvent contrôler, m’obligent à me séparer d’eux et à cesser de les aider en les gardant plus longtemps chez moi. Je vous prie, cher monsieur, de me répondre courrier par courrier, pour me donner vos avis. J’ai dans le voisinage une amie dévouée, descendante d’une des plus anciennes familles du pays, qui serait assez bonne pour venir habiter avec moi, si vous jugiez nécessaire que quelqu’un me gardât ; elle n’est pas mariée, mais son âge la rend fort capable de me chaperonner aux yeux de tous ceux qui me croient trop jeune pour me protéger moi-même.

« Je reste, cher monsieur, votre très-sincère

« Sophie Martin Thorpe. »

Quand elle eut terminé et attentivement relu cette épître, elle sonna pour qu’on lui servît son repas, et se livra tout entière au charme de la friandise, le plus profond bonheur qu’il lui fût possible d’éprouver tant que Flo-