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heure le frère et la sœur arrivèrent chez leur adorable amie.

L’héritière fit signe à Marguerite de s’asseoir auprès d’elle ; Richard se plaça un peu plus loin, en contemplation devant Sophie, tandis que sa sœur exprimait par de belles phrases bien apprises et devant faire de l’effet, qu’ils avaient été tristes et malheureux les deux jours précédents, parce qu’ils n’avaient pas osé se présenter chez leur charmante amie, dans la crainte de la gêner et de lui déplaire.

« Je suis toujours charmée de vous voir tous deux, et aujourd’hui particulièrement, parce que j’ai besoin d’un conseil d’ami sur un ennui qui me survient.

— Grand Dieu ! qu’y a-t-il ? chère, trop chère miss Martin Thorpe ; délivrez-moi de l’agonie que j’endure. Quelqu’un aurait-il osé….

— Ne vous alarmez pas ainsi, miss Brandenberry. Je veux seulement vous dire que je ne peux pas vivre plus longtemps avec les Heathcote ; leur conduite ingrate me rend la plus malheureuse du monde.

— Les monstres ! les ingrats ! les sans cœur ! s’écria miss Brandenberry en se jetant au cou de l’héritière. Ah ! je ne puis supporter que ces odieux mendiants rendent notre belle amie malheureuse.

— Marguerite ! ne me laissez pas voir ces embrassements ; vous me torturez en me montrant la douceur de votre désespoir. Marguerite ! Marguerite ! pitié, pitié ! »

Et, en disant ces mots avec véhémence, M. Brandenberry s’agenouilla devant Sophie, et, saisissant sa main, la baisa passionnément.

« De grâce, relevez-vous, monsieur ; il n’y a rien dans ma position qui puisse effrayer mes amis à ce point. Il faut unir nos intelligences pour trouver le moyen de sortir de l’embarras où je me trouve. Il serait inutile