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Le major et sa femme restèrent stupéfiés en entendant l’étranger faire ce qu’ils appelaient un discours intempestif, et de son côté Sophie jura de se débarrasser au plus tôt des misérables qui lui causaient tant d’humiliations et de désagréments. Malheureusement, les Heathcote levèrent en ce moment les yeux pour deviner l’effet qu’avaient produits ces mots sur elle, et Sophie crut comprendre que M. Jenkins n’avait parlé ainsi que poussé par les plaintes de son tuteur à son égard.

Cependant M. Jenkins, voyant l’heure avancer, se leva en disant :

« Bonsoir, mes amis ; il est temps que je vous quitte. »

Puis il sortit rapidement, mais Sophie le rejoignit à la porte.

« Comment allez-vous partir, cher monsieur ? dit-elle ; avez-vous une voiture ou des chevaux de selle à ma porte ?

— Je n’aime pas les voitures et ne monte jamais qu’un cheval à la fois, miss Sophie. Du reste, ne vous tourmentez pas pour moi ; j’ai toujours un cheval à mes ordres.

— Mais, quand vous reverrai-je ?

— Quand je viendrai visiter votre maison, répondit M. Jenkins en cherchant à sortir.

— J’espère que ce sera bientôt ? insista Sophie.

— Je le pense, ma chère, » répondit le gentleman, qui parvint enfin à s’échapper.