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— Toutes les fois que vous viendrez vous serez le bienvenu. »

Ces manières étranges et gracieuses étonnaient le major et sa femme au dernier degré ; mais cette dernière phrase les surprit à un tel point qu’ils échangèrent doucement un regard interrogateur.

« Vous ressemblez énormément à votre mère, mon enfant, reprit M. Jenkins en parlant à Florence ; donnez-moi votre jolie main, car voici quelque chose que j’ai apporté exprès pour vous. Mes doigts, quoique beaucoup plus gros que les vôtres, n’enlèvent pas la valeur de cet objet, que je vous prie d’accepter comme l’aurait fait votre chère mère, que j’ai tant aimée. »

En voyant M. Jenkins lui passer au doigt un diamant d’une valeur considérable, Florence rougit, balbutia, et fut encore plus troublée par les regards haineux que lui lança sa cousine, qui aurait certes accepté la bague, et qui en voulait à Florence de ce que M. Jenkins ne la lui avait pas offerte. Cependant, tout en connaissant fort peu le prix des bijoux, la jeune fille apprécia immédiatement l’importance de celui-là, et répondit avec grâce :

« Vous êtes bon, trop bon, monsieur Jenkins, et je vous suis fort obligée de votre gracieuseté. Mais je ne puis accepter un tel présent ; ne vous fâchez donc pas si je vous le rends. »

M. Jenkins la regarda tendrement, cherchant à lire son caractère dans ses beaux yeux, et lui dit :

« Très-bien, ma chère, je le garde, momentanément du moins, à mon petit doigt. »

Quand le second service arriva enfin, M. Jenkins y fit honneur, ainsi que Sophie, qui avait vu avec ennui le riche voyageur s’appesantir sur les mets communs qu’il avait trouvés sur la table en arrivant : car, quoique l’héritière s’inquiétât fort peu de ce que les Heath-