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« Si vous voulez bien me faire l’honneur de revenir goûter avec moi un autre jour, monsieur, vous pourrez alors être vraiment satisfait et manger tout à point. Désirez-vous de la compote d’abricots ? la gelée en est délicieuse, je vous assure.

— J’en accepterai donc, ma chère ; moi je trouve que, lorsqu’on est riche, il faut au moins manger de bonnes choses. Et vous ?

— Je pense, en effet, qu’il serait absurde de faire le contraire, répondit Sophie avec un entraînement inaccoutumé chez elle.

— Mais je croyais qu’un de vos oncles et sa famille habitaient ici. Où donc sont-ils tous ?

— Mon Dieu, monsieur, la vérité est que je serais fort ennuyée de les avoir toujours sur les bras, de sorte que je me suis fait arranger cette pièce avec l’intention formelle qu’aucun d’eux n’y mettrait jamais les pieds.

— Alors ils vous déplaisent, pauvre chère demoiselle ?

— Vous savez que le tapage de deux garçons dans une maison est toujours très-pénible.

— Et votre cousine… Florence, je crois ? quelle sorte de fille est-elle ?

— Ce n’est pas une amie pour moi et elle ne peut le devenir, répondit froidement Sophie en se rappelant l’effet que sa cousine avait produit au bal d’Hereford.

— C’est vraiment malheureux. Mais permettez, il me semble qu’ils ne font pas beaucoup de bruit à eux tous, car on ne les entend pas.

— Oh ! monsieur, c’est quelquefois odieux ! Pour le moment, ils sont dans un vieux belvédère que mon autre tuteur, sir Charles Temple, a permis qu’on leur ouvrît, par égard pour moi et pour me débarrasser d’eux de temps en temps.