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Sophie, ivre de joie, serra son trésor contre son cœur et se disposa à lui obéir. Il la suivit dans le cabinet où elle le conduisit, et, lorsqu’elle eut ouvert la porte, M. Jenkins la maintint doucement d’une main, tandis que de l’autre il ouvrait une cachette assez grande pour contenir l’écrin. Après y avoir déposé le collier, il fit jouer plusieurs fois le ressort, afin que Sophie pût en connaître le secret et l’ouvrir à son tour. Tout à coup, en poussant un autre bouton caché dans les riches sculptures du meuble et ignoré de miss Martin Thorpe, l’étranger aperçut un petit étui en maroquin rouge contenant une miniature qui représentait un charmant petit garçon de six ou sept ans. M. Timothée Jenkins devint d’abord rouge, puis extrêmement pâle, à la vue de cette miniature, sur laquelle il se précipita presque aussi vivement que l’avare héritière.

« Vous avez connu ce petit garçon ? demanda Sophie en regardant le portrait.

— Non, je ne crois pas.

— Je pense que c’est le portrait de feu mon cousin Cornélius Thorpe ; mais, comme je n’avais pas encore découvert cette cachette, je ne connaissais pas cette miniature.

— Alors vous ne devez pas y tenir beaucoup, ma chère, et vous seriez bien gracieuse en me le donnant, » s’écria vivement le généreux Jenkins.

Sophie se mordit les lèvres, car elle avait tout de suite remarqué que le portrait était entouré de petits brillants ; mais n’osant refuser un objet d’une aussi médiocre valeur à celui qui venait de lui faire un si riche cadeau, elle répondit, en gardant encore l’espoir de conserver la monture du médaillon :

« Certes, je vous l’offrirais avec beaucoup de plaisir ; mais, à côté de vos richesses, les diamants, car ce sont