qui avait engagé depuis si longtemps l’héritière pour la première contredanse, fut-il très-désappointé, lorsqu’il mit le pied dans la salle du bal, de la voir prendre place au quadrille avec lord Thelwell.
« Allez lui rappeler sa promesse, s’écria Marguerite, sans quoi elle vous en voudra à la mort, et faites toujours semblant de mourir d’amour, puisque cela la flatte. »
Richard alla se poster près de Florence, qui faisait vis-à-vis à sa cousine, et il affecta de dévorer du regard sa chère héritière. Sophie fut satisfaite de cette admiration muette, mais assez apparente pour que toute l’assistance pût s’en apercevoir. Elle espérait que cela devait la poser en femme irrésistible.
Ce qui ne lui plut pas autant, c’est que son danseur, lord Thelwell, ne lui dit pas un mot en dansant, qu’il ne parla qu’à Florence, et que, non-seulement il lui demanda de danser avec elle, mais qu’il voulut aussi être présenté à sa famille.
M. Brandenberry profita de la colère de Sophie contre son danseur pour venir lui raconter son aventure et faire valoir sa tendresse en faisant remarquer les attentions de lord Thelwell et des autres jeunes gens pour Florence et sa famille.
Aigrie par ces insultes, Sophie commença une querelle à son adorateur ; mais celui-ci sut la désarmer par des regards passionnés ou languissants tour à tour, et par les paroles ardentes qu’il savait si bien débiter. En somme, elle consentit à danser avec lui, et elle excusa ses fautes et ses oublis pendant le cours de la contredanse en faveur des distractions qu’elle croyait lui causer.
Pendant ce temps, Florence dansait avec lord Thelwell, dont elle écoutait les compliments et les galanteries avec l’indifférence qu’éprouve l’amour sincère