Page:Trollope - La Pupille.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ton. Elle sourit avec satisfaction au souvenir de l’admiration qu’elle inspirait à Richard, mais sans pour cela songer à partager sa fortune avec lui.




CHAPITRE XXIII.


Quoique miss Brandenberry eût insinué avec art que le grand carrosse de Sophie pouvait facilement tenir six personnes, il ne conduisit au bal que les trois Heathcote et Sophie, qui n’osait pas remuer dans la crainte de démolir son échafaudage de diamants. Bien en avait pris à miss Martin Thorpe de se couvrir ainsi de rayons qui devaient fixer tous les regards : car, quoique Florence fût sans dot, qu’elle n’eût qu’une petite robe blanche nouée à la taille par un ruban noir, et que ses beaux cheveux fussent simplement nattés, sans fleurs ni ornements, sa beauté miraculeuse ne pouvait manquer de charmer tous les hommes et de faire beaucoup de tort à sa cousine.

Plusieurs familles qui connaissaient déjà Sophie demandèrent à être présentées aux Heathcote ; d’autres désirèrent faire la connaissance du major et de sa pupille, et, quoique le bruit que Florence était pauvre se répandît bientôt, quelques jeunes gens des meilleures familles sollicitèrent l’honneur de danser avec elle. Les chevaux de louage des Brandenberry ayant failli les verser en route, le frère et la sœur n’étaient pas encore au bal lors de l’entrée bruyante de miss Martin Thorpe, qui était cependant arrivée assez tard pour supposer que toute la société devait être réunie. Aussi Richard,