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saient pas ainsi : cette dernière déclara avec une certaine fermeté que, si cela amusait Florence, on l’y conduirait, et que, dans le cas où quelqu’un s’y opposerait, elle refuserait elle-même d’y accompagner miss Martin Thorpe.

Sophie, comprenant que cette décision serait irrévocable, n’insista pas davantage et prit le parti d’accepter ce qu’elle ne pouvait pas empêcher.

Nous laisserons mistress Heathcote et sa charmante fille se consulter sur leurs toilettes, et nous suivrons M. et miss Brandenberry dans le boudoir sacré de leur amie. Sophie les attendait avec impatience : d’abord elle tenait à leur faire oublier ce qu’il y avait eu de brusque et d’incivil dans sa manière d’être de la veille ; puis, quoique l’idée d’épouser un homme ruiné, sans titres, sans manoir et sans aïeux, ne lui fût jamais venue, elle n’en voulait pas moins le retenir auprès d’elle, afin d’en faire une espèce de cavalier servant, jusqu’à nouvel ordre. Aussi eut-elle soin de le gratifier de sourires et d’œillades provocantes auxquelles il sut répondre de la même façon ; puis, espérant ainsi avoir fait oublier sa brusquerie charmante de la veille, elle se hasarda à dire :

« Vous rappelez-vous, chère miss Brandenberry, qu’en vous reconduisant hier, je reprochais à mes diamants d’être montés à l’ancienne mode ?

— Richard et moi n’oublions jamais un mot de ce que vous avez daigné nous dire.

— Eh bien ! si vous vous rappelez mon exaspération contre mes riches joyaux, vous allez me trouver bien capricieuse quand vous saurez que maintenant je désire les mettre tous pour ce bal.

— Que je suis aise de votre nouvelle décision, chère miss Martin Thorpe ! Et comment comptez-vous porter ces diamants merveilleux ?