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avait affirmé qu’il était inutile de prendre quatre chevaux pour se rendre au bal d’Hereford, ni plus de deux valets pour l’y suivre ; les Harisson, les Pontefract, les Neville et les Templeton, ne faisaient jamais autrement. Puis il lui avait remis un paquet contenant six billets que les commissaires du bal priaient miss Martin Thorpe d’accepter.

Mais tous ces services n’étaient rien auprès de celui que miss Brandenberry rendit, sans même s’en douter, à son amie, tout en causant un matin avec elle dans son petit salon de perse parsemé de bouquets élégamment jetés sur un fond souris-clair.

« Quel bonheur que vous soyez si bien en noir, chère miss Martin Thorpe ! car en général le grand deuil est laid au bal ; cependant on prétend qu’aucune couleur ne fait mieux ressortir les diamants, et évidemment vous mettrez tous vos diamants à Hereford, n’est-ce pas ?

— Lorsque je serai majeure, répondit Sophie en rougissant beaucoup, il me faudra certainement des bijoux ; mais jusqu’à ce moment je dois à la mémoire de mon cher oncle de ne pas acheter de diamants ni autres choses du même genre.

— Acheter ! grand Dieu non, chère miss Martin Thorpe. Quand on a le bonheur de posséder d’aussi merveilleux diamants que ceux qu’avait autrefois mistress Thorpe, on n’a certes pas besoin d’en acheter. »

Sophie rougit et pâlit tour à tour, puis resta muette assez longtemps pour se remettre de son émotion.

Était-il bien possible qu’elle eût des diamants ? mais avaient-ils été enlevés avant son entrée en possession, et par qui ? Le notaire ? le major ? sir Charles Temple ? mistress Barnes ? qui sait ? Et le cœur de l’avare battait à briser sa poitrine ; car elle n’avait pas trouvé le moindre bijou dans sa maison.

Cependant elle se rappelait qu’en recevant les clefs