que l’on nettoyât et remeublât un petit pavillon de chasse, situé dans la plus belle partie des bois et tout près du domaine de sa pupille, afin que les deux petits garçons pussent s’y reposer dans leurs promenades et leurs courses journalières.
Il fallait connaître à fond le caractère de Sophie pour pouvoir bien apprécier la délicatesse des procédés du jeune et charmant baronnet : aussi les Heathcote furent-ils profondément touchés de ses attentions, et mistress Heathcote versa-t-elle des larmes de joie en pensant que ses chers enfants pourraient courir et s’amuser autour du belvédère de leur ami.
Peu à peu cette jolie pièce au milieu des bois devint le salon de la famille Heathcote. Le major en fit le centre de ses occupations ; sa femme y accumula petit à petit ses nombreux paniers à ouvrage ; les enfants y apportèrent leurs jouets et leurs livres, et enfin Florence y déposa le petit pupitre qui contenait le récit de sa vie depuis le jour où elle avait reçu de sir Charles une lettre qui finissait ainsi :
« Que je vous serais reconnaissant si vous consentiez à garder un registre de tout ce que vous ferez, lirez et direz, je n’ose dire penserez, des promenades que vous ferez, particulièrement quand vos petits pieds adorés se tourneront vers Temple, et des moments, courts sans doute, mais bénis, où vos tendres pensées s’étendront jusqu’à l’homme qui vous idolâtre ! »
Miss Martin Thorpe était si occupée de son prochain bal, qu’elle ne s’apercevait nullement de la désertion de ses hôtes. Cependant elle ne négligeait pas de compter chaque jour combien ses convives affamés, disait-elle, lui dévoraient de viande, de beurre et de pain, et prêchait l’économie tous les matins davantage.
Les conseils de M. et miss Brandenberry lui étaient bien précieux en cette occasion : car M. Richard lui