Quoiqu’il y eût à manger suffisamment pour quatre personnes, le dîner était mal choisi et mal accommodé. Il se composait d’une entrée de poisson trop salé, d’un petit rôti de mouton et d’un plat de choux.
Sophie, à qui l’émotion, sans doute, avait ôté l’appétit, ne mangea qu’une petite tarte aux pommes qu’elle prit en entier pour elle.
Quoiqu’il n’y eût point de dessert, mistress Heathcote, craignant que ses petits garçons ne regrettassent leurs habitudes d’enfance, se hasarda à dire :
« Frédéric et Stephen peuvent-ils entrer dans la salle comme de coutume, Sophie ?
— Si cela vous fait plaisir, mistress Heathcote ; je ne vous refuserai pas mon autorisation ; mais rappelez-vous seulement que, lorsque j’aurai du monde, je désire que cette faiblesse soit omise. »
Ainsi se passa le premier dîner de famille à Thorpe-Combe, après que miss Martin Thorpe en eut pris possession.
CHAPITRE XXI.
La patience résignée du major et de sa famille avait d’autres causes que la douce humeur et le charmant caractère de ces excellentes gens. D’abord le pays était beau et l’air excellent pour les enfants. Puis, dans sa dernière lettre, sir Charles Temple avait donné plein pouvoir au major sur ses domestiques, sa maison, sa belle bibliothèque, ses bois, son parc et ses jardins ; sur son gibier et sur ses armes ; enfin, il avait ordonné