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joue de Florence du bout de son nez et murmura négligemment :

« Bonjour, Frédéric ; et comment allez-vous, Stephen ? »

Florence, en voyant la physionomie hautaine et étudiée de la petite orpheline que son père avait élevée par charité, se sentit prête à éclater de rire ; mais le souvenir de sir Charles détourna bientôt ses idées, car son cœur et son esprit étaient en Italie. Cependant la bonne mistress Heathcote n’était pas aussi calme que sa belle-fille. Cette réception froide et impertinente lui faisait encore regretter plus amèrement sa modeste habitation de Bamboo-Cottage, et son cœur saignait en entrant dans cette élégante maison, d’où l’indulgence et le charme affectueux, semblaient avoir disparu avec l’excellent M. Thorpe.

Le major, voyant l’embarras de sa femme, la dignité glaciale de Sophie, et ses deux petits garçons prêts à pleurer, s’écria avec une gaieté forcée :

« Eh bien ! Poppsy, voilà un bien joli salon, n’est-ce pas ? Et vous, mes enfants, vous serez bien contents de courir tout le jour dans ce beau jardin ? Mais si vous dînez à six heures, Sophie, nous ferons bien d’aller nous habiller tout de suite, car il commence à se faire tard.

— Oui, en effet, et je vais appeler Barnes pour qu’elle vous conduise à vos chambres, » répondit miss Martin Thorpe, très-satisfaite de la résignation avec laquelle non tuteur endurait ses mauvais procédés.

Puis s’adressant à mistress Barnes, qui entrait au salon pour guider les nouveaux venus :

« Conduisez mes parents à leur appartement, mistress Barnes, dit-elle. On a monté les bagages, n’est-ce pas ? Je suppose que vos enfants ont dîné ? continua-t-elle en se tournant dédaigneusement vers sa tante.

— Mais non ! répondit vivement le petit Frédéric.