Page:Trollope - La Pupille.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait reconnu pour le domestique attaché à la personne d’Algernon pendant les fêtes de Noël, et lui demanda :

« Où est votre maîtresse, Jem ?

— Madame est chez elle, monsieur, répondit le jeune valet, honteux des ordres insolents qu’on lui avait donnés.

— Chez elle ! répéta le major avec étonnement. Je sais fort bien que ce château lui appartient ; mais je trouve absurde de nous introduire dans une pièce où elle n’est pas. Allons, Jem, conduisez-nous près de ma nièce. »

Si Jem n’avait pas déjà, deux ou trois fois introduit du monde dans le salon du premier, il aurait peut-être hésité à obéir au major ; mais Sophie ayant oublié de donner des ordres précis à ce sujet, le page guida le major vers l’appartement particulier où miss Martin Thorpe s’était bien promis de ne pas le recevoir, ni lui, ni personne de sa famille.

Cependant, quand le major entra dans son salon, miss Martin Thorpe le reçut assez gracieusement, et s’avançant vers lui en lui tendant la main :

« Comment vous portez-vous, major Heathcote ? J’allais descendre auprès de vous, dit-elle ; je vérifiais les comptes de la semaine. Descendons maintenant au salon de l’Est, qui vous est destiné pendant votre séjour chez moi. J’ai fait arranger cette pièce afin de pouvoir m’y retirer et travailler sans déranger personne et sans que personne me dérange. »

En disant ces mots, Sophie attira son tuteur vers la porte, pour qu’il n’eût pas le loisir d’examiner les nombreux embellissements des deux vieilles chambres de M. Thorpe. Mais, quoiqu’il ne fît pas d’observations, il remarqua parfaitement la richesse des tentures et l’élégance de l’ameublement. En entrant au salon de l’Est, Sophie tendit deux doigts à sa tante, effleura la jolie