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CHAPITRE XX.


Le jour de l’arrivée du major vint enfin. Le temps était magnifique, et la famille entra à bon port dans ce château où elle allait, bien à contre-cœur, passer une longue et interminable année. Le major paraissait triste ; sa femme se rappelait, non sans appréhension, le caractère de Sophie ; personne ne parlait, sinon les deux petits garçons, qui admiraient bruyamment le paysage et les bois qui entouraient le château de leur cousine.

Quand le major descendit de voiture, après avoir déposé les petits garçons à terre, il tendit la main à sa fille et lui dit affectueusement :

« Vous êtes bien pâle, ma pauvre Florence !

— Vraiment ? Le voyage m’aura fatiguée. Mais il m’a fait cependant grand plaisir. »

Le valet les introduisit, selon les ordres de miss Martin Thorpe, dans le salon de l’Est ; il était vacant, Sophie n’ayant pas jugé nécessaire de descendre pour recevoir son tuteur.

Malgré ce manque d’égards qui blessa seulement le major, Florence et sa belle-mère éprouvèrent un charme infini en entrant dans ce salon qui leur rappelait sir Charles, sa grâce, sa bonté, ses lectures intéressantes, ses conversations, et par suite, son amour et ses propositions de mariage.

Mais le major, qui espérait trouver sa pupille, à son arrivée chez elle, prête à lui faire les honneurs de sa nouvelle habitation, se tourna vivement vers Jem, qu’il