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fixé par Sophie ; en recevant cette réponse définitive, l’héritière appela mistress Barnes et lui ordonna de préparer les chambres des Heathcote en lui annonçant le jour de leur arrivée.

« Désirez-vous monter voir de nouveau les appartements de vos tuteurs, madame ? demanda mistress Barnes avec les apparences du plus profond respect.

— Eh ! non, je mets ma confiance en vous, Barnes, » répondit l’héritière, en souriant à l’idée de quitter son élégant boudoir pour grimper dans les greniers, visiter les chambres de ses parents bien-aimés.

De son côté, mistress Barnes réprima un petit sourire dédaigneux et fier, et sortant aussitôt, elle alla retrouver sa nièce Nancy dans son appartement du rez-de-chaussée.

« Ah ! Nancy, s’écria-t-elle en riant de bon cœur, elle est bien trop grande dame pour aller voir les trous où elle veut empiler les pauvres Heathcote. Si je ne lui joue pas un tour de ma façon, puissé-je ne jamais toucher un sou de mes rentes ! Mais ne craignez rien, madame la surveillante, ajouta-t-elle en souriant, je ne vous compromettrai pas dans mon complot, afin que, s’il est déjoué, je sois seule punie. Allez, ma nièce, allez parler à madame : elle veut faire arranger le salon de l’Est, et, comme c’est celui que sa famille doit habiter tous les jours, elle est occupée à chercher le moyen de le rendre inhabitable. Le soleil ne lui coûtant rien, je pense qu’elle ne fera pas boucher les fenêtres et qu’elle laissera les chauds rayons entrer dans la chambre.

— Et quel est votre hardi projet ? demanda Nancy timidement.

— Vous rappelez-vous cette chambre enfumée qui est destinée au major et à sa femme ? Eh bien ! je veux être pendue s’ils l’habitent.

— Quoi, ma tante ! vous espérez les mettre au pre-