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des plus incommodes, je finirai par n’avoir plus rien pour vivre, et il me semble que si je recevais vingt guinées par an, ce qui ne serait vraiment pas la valeur de cette jolie maison, cela me ferait grand plaisir et m’aiderait un peu dans mes embarras.

— Tenez-vous tranquille, miss Martin Thorpe ; soyez sûre que vous pourrez vous tirer d’affaire sans difficultés : ce pays-ci est, au contraire, très-agréable, et je suis bien persuadé que mistress Barnes se chargera de vous procurer tout ce que vous voudrez, sans envoyer à Londres pour cela.

— Vous vous trompez, monsieur, mais là n’est point la question. Il est tard, et je craindrais d’abuser de votre complaisance : si vous prenez du café, vous en trouverez au salon. »

En parlant ainsi, Sophie s’était levée, et, après avoir aussi poliment renvoyé son invité, elle sortit sans s’occuper davantage de lui.

Le fruit des méditations de l’héritière fut une visite au vieux serviteur Arthur Giles : c’était la seconde qu’elle lui faisait depuis son arrivée. La première s’était assez mal terminée ; mais cette fois-ci la jeune châtelaine souhaita très-gracieusement le bonjour aux deux vieillards en entrant chez eux, et leur dit de sa voix la plus douce :

« Je désirerais vous parler, monsieur Giles, à propos de la toiture de votre maison. On m’a dit qu’il y aurait des réparations à faire et que, du reste, la maison ne tenait plus du tout et menaçait ruine. Il vaudrait mieux pour vous la quitter dès à présent. Je consentirais volontiers à vous donner cinq cents guinées pour vous loger ailleurs dans le village. Si, au contraire, vous n’y consentiez pas, je serais obligée de faire réparer la maison de fond en comble, parce que, comme vous n’en êtes propriétaires que votre vie durant, et qu’à votre