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service, ils se retrouvèrent seuls et très-bien disposés par une excellente chère.

« Je vous ai fait appeler, monsieur, dit enfin Sophie, au sujet d’une petite maison qui se trouve dans mon parc, à une centaine de mètres de mon château. C’est une très-jolie habitation ; mais, si je ne puis rien en retirer, mon avis serait de la faire démolir et d’en vendre les matériaux.

— Mais je suppose que vous savez, miss Martin Thorpe, que vous n’avez pas le droit d’y toucher tant que le vieil Arthur Giles vivra ?

— Pas le droit de toucher à ce qui m’appartient ? reprit Sophie en fronçant les sourcils, comme elle le faisait toujours lorsqu’elle était mécontente.

— Je ne veux pas dire que vous ne puissiez pas y aller, vous y promener et même vous y asseoir ; mais j’entends que non-seulement vous ne pouvez pas la démolir, mais qu’il ne vous est même pas permis de la louer à un autre.

— Voilà qui est stupide ! Je ne comprends pas qu’on fasse des arrangements aussi insupportables pour ceux qui viennent après vous, reprit Sophie avec dépit ; cette maison est beaucoup trop jolie pour ce vieux valet ! Mais êtes-vous sûr qu’elle soit à lui sa vie durant ?

— L’acte est régulièrement enregistré, ainsi que celui qui lui assure une rente de cent guinées qui, de même que la maison, reviendrait à sa femme s’il mourait avant elle. Je crois qu’il serait difficile de vous en débarrasser.

— Je ne le demanderais pas s’il me donnait un joli loyer pour ma maison. Certainement, avec toutes mes charges, le soutien de la famille de mon tuteur pendant ma minorité, et l’obligation d’envoyer jusqu’à Londres chercher la moindre chose, car ce pays est vraiment