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per, et elle ne se sentait pas plus disposée à quereller ses amants que son pain ou son beurre, pensait-elle en souriant à cette saillie.

Puis, prenant place à table, elle commença son excellent dîner par une soupe aux carottes, qu’elle affectionnait particulièrement.




CHAPITRE XIX.


Miss Martin Thorpe avait été en effet fort occupée ; car, tout en voulant meubler ses deux chambres le plus élégamment possible, elle cherchait tous les biais imaginables pour dépenser très-peu d’argent : aussi se voyait-elle, avec chagrin, obligée de prendre un sommelier et une autre servante. Quant à la laiterie, la cuisinière, assurait-elle, pouvait bien en prendre la direction, parce qu’elle ne voulait pas souffrir que sa maison fût remplie de domestiques. Aussi, quand mistress Barnes lui représenta que, pour une si grande famille, une laveuse à demeure était très-nécessaire, l’héritière répliqua-t-elle qu’au contraire, lorsque deux familles étaient réunies dans une habitation, il valait beaucoup mieux envoyer le linge à la blanchisseuse, afin que chacun payât le sien.

Quand toutes ces ennuyeuses nécessités furent enfin réglées, miss Martin Thorpe fit prier son notaire, M. Westley, de venir dîner avec elle, afin qu’elle pût lui parler d’une affaire très-importante.

M. Westley arriva à l’heure fixée par sa cliente, et s’étant mis à table, ils causèrent de choses insignifiantes jusqu’au moment où les domestiques ayant fini leur