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— Si vous le permettez, je vous apporterai mes premiers vers. Êtes-vous un critique indulgent, ou bien un juge cruel et sévère ?

— Cela dépend du genre de la poésie, répondit Sophie, un peu émue de l’expression de M. Brandenberry.

— Vos terres me paraissent superbes, miss Martin Thorpe, reprit la sœur, et, quoique mon père et votre oncle fussent fort liés, nous ne les avons jamais visitées, excepté lorsque nous n’étions encore que des enfants ; je vais vous demander une véritable faveur, miss Martin Thorpe, j’espère que vous nous l’accorderez à mon frère et à moi. Tous deux nous adorons les bois, et ce que nous implorons de vous serait la permission de nous promener quelquefois dans les vôtres. Il y a une petite grille en face de Brood-Grange, et, si vous vouliez nous en donner la clef, nous nous déclarerions les plus heureux du voisinage.

— Je ne sais pas de quelle grille vous voulez parler, reprit Sophie avec hésitation.

— Est-ce possible ? s’écria M. Brandenberry. Quoi ! miss Martin Thorpe, vous n’avez jamais erré solitairement à travers vos magnifiques bois jusqu’à la grille qui ouvre sur Mill-Lane ?

— Non, vraiment, je ne me suis pas encore promenée, car j’ai été très-occupée depuis mon arrivée ici.

— Oh ! quel ravissement j’éprouve à l’idée seule de vous conduire jusqu’à cette grille ! Oh ! miss Martin Thorpe, accordez-moi la faveur de guider vos pas irrésolus jusqu’à la cataracte. »

Quoique Sophie eût de beaucoup préféré visiter seule son parc, elle ne voulut point refuser cette promesse à ses voisins, et répondit :

« Quand le printemps aura remplacé l’hiver, je consens à faire cette promenade à votre bras ; mais pour