à sa bonne femme, que son tuteur et sa tante étaient très-pauvres, et que c’était pour cette raison qu’elle avait invité toute leur famille à venir chez elle ; que, loin de vouloir rien recevoir pour cela, elle insisterait au contraire pour qu’ils restassent longtemps dans sa maison, et que son bonheur serait de les soigner et de les aimer comme sa propre famille. Si bien que dans le voisinage chacun était persuadé qu’elle était douce, bonne et compatissante, et que ses parents allaient vivre chez elle entourés de respect et d’affection.
Ce moyen réussit à merveille : car, avant un mois, les familles qui habitaient les environs vinrent faire visite à miss Martin Thorpe, qui, quoique peu agréable à première vue, leur fit cependant une bonne impression, prévenues qu’elles étaient en sa faveur par les réclames qui leur étaient si adroitement parvenues.
Le notaire M. Weslley la trouvait fort capable ; M. Bentall l’apothicaire la croyait généreuse ; le ministre Ogleby la déclarait le soutien des pauvres ; les trois femmes de ces messieurs vantaient sa bonne tenue, son éducation, ses regrets profonds de la mort de son oncle, son grand deuil de si bon goût, et leurs filles souhaitaient qu’elle donnât des fêtes dont elle semblait née pour faire les honneurs.
Quant aux fils, ils trouvaient qu’elle serait un fort bon parti, et qu’avec un revenu de quatre mille livres sterling on n’a pas besoin d’être jolie. Sophie était charmante avec ses voisins, et ceux qu’elle préférait étaient une vieille dame, sa fille et son fils, vivant ensemble dans une vieille maison avec le revenu d’une petite propriété, qui avait l’avantage d’être depuis des temps infinis dans la famille, mais aussi le désavantage de pouvoir à peine les soutenir.
La mère, âgée de quatre-vingts ans, intéressait peu Sophie ; mais il n’en était pas de même du fils, âgé de