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elle n’était pas paresseuse ; aussi envoya-t-elle chercher immédiatement les ouvriers pour faire réparer son appartement. Elle surveilla les travaux avec tant de zèle, qu’au bout de six semaines, les deux chambres de M. Thorpe, transformées l’une en salon, l’autre en chambre à coucher, se trouvèrent prêtés à être habitées même par une élégante.

Cependant, quelque promptes qu’eussent été les réparations, le major n’en trouva pas moins le temps fort long ; aussi écrivit-il à sa pupille, pour savoir d’elle si elle avait changé d’avis à leur égard. Le courrier suivant lui rapporta cette réponse :

« Cher monsieur, je serais désolée que vous fussiez fâché par mon silence. Je n’ai pas perdu de temps depuis mon arrivée, pour faire réparer ma maison et la mettre en état de recevoir ceux qui doivent l’habiter. Les distances sont si grandes pour recevoir du monde, que j’ai dû faire préparer des chambres pour les visites ; cependant quelques semaines encore suffiront pour finir les travaux, et je ne manquerai pas de vous faire savoir le moment où je pourrai vous recevoir. Je vous préviens qu’il me serait particulièrement agréable que vous missiez tout de suite vos trois filles en pension ; leur séjour chez moi me déplairait beaucoup, et, puisque vous êtes décidé à vous en séparer, je ne doute pas que vous ne consentiez à le faire avant de vous fixer à Combe. Je vous prie de me rappeler à votre famille, et de me croire votre très-sincère,

« Sophie Martin Thorpe. »

Toute la famille, excepté le voyageur et les deux enfants en nourrice, entendit la lecture de cette lettre. Après un assez long silence, le major dit à sa femme : « Je crains, Poppsy, qu’elle ne se mette en frais pour